violence à l'école

C'est quoi être violent verbalement ?
Monter le ton ?
Ou insulter ?
Couper la parole et ne plus pouvoir se décentrer, écouter ?

C'est quoi, finalement "la violence" ...

Chez les enfants, jeunes, (encore sous l'emprise pulsionnelle et n'ayant en général pas encore une bonne maitrise du langage) la communication passe d'abord par le corps, les "coups" en faisant parti ... je leur apprend à faire passer cela par le langage, par la parole et du coup leur montre que mince alors ! On peut ne pas être d'accord !!!! On peut parler sèchement ! On peut monter le ton !!! Dire, ça suffit ! Je ne suis pas d'accord ! Oui, on peut dire Non !
Mais alors, où commence la violence ? C'est une vraie question pour moi ...

Peut-être apprendre à dire quand on a mal, qu' on nous fait mal, que ce soit par les gestes de l'autre ou les mots ... et du coup apprendre à écouter l'autre et arrêter ...

Peut-être aussi se dire que les mots ne sont que des mots ... exprimer les choses, même avec rage, colère (contre qui ? la plupart du temps, on la prend pour soi quand on est en face, mais souvent, la colère vient d'ailleurs, parle d'autre chose ...) , c'est important aussi. Ne pas accorder plus de sens que cela. Surtout pour les enfants. Et que la plupart des échanges se passent sur la base de mal-entendus, d'interprétations ...

Pour la relation parents-enseignants : avec le parent instit, je te plains ... celui qui sait tout (et forcément, il y a des instit qui savent Tout, bien sûr !!!! ) ... ouh ... je sais pas faire avec ...
Pour ma part, j'entends parler de parents démissionnaires ... la faute aux parents ... la violence des enfants, la faute aux parents ... à la télé, hein, ils parlent beaucoup à la télé ... tout ça ... bon, tout ce que je sais, en mater, c'est que les parents que j'ai croisé jusque là font tout ce qu'ils peuvent pour leurs gamins, s'inquiètent, font de leur mieux avec ce qu'ils ont, ce qu'ils sont, avec leur chemin, leur passé à eux aussi ... leurs difficultés et préoccupations quotidiennes ... (ça, je l'ai peut-être déjà écrit, excusez-moi de la redite alors) ...

J'ai l'impression de squatter le sujet ...

Tout d'accord avec toi ...
J'ai cette chance immense d'être au tout début de leur vie et j'ai l'espoir de pouvoir les aider à s'approprier des outils, pour eux, en tant qu'individu, en tant qu'être humain et citoyen.

C'est vrai que les parents sont inquiets, presque tous, ou sur le comportement, ou sur leurs connaissances , tellement soucieux, de peur que leur enfant n'y arrive pas (à quoi d'ailleurs ? ) ... peur aussi pour leur avenir ....

Le tout, le gros boulot, c'est de redonner confiance et force en l'enfant et apaiser (ou changer le regard, selon les situations) du parent ...

L'angoisse ... cela est terrible et la barre des apprentissages est toujours repoussée plus haut ...

La pierre d'angle, c'est juste ça : le niveau exigé monte, celui des enfants chute ... depuis pas mal de temps et je comprends à l'instant (si, si ...! ) d'un coup ...
Comme le niveau de connaissances demandé monte, beaucoup d'enfants n'arrivent pas à suivre cela dès petits.
Très shématiquement, des adultes pensent (c'est une conception de construction des apprentissages et de l'enfant) que l'enfant est un réservoir et que si on si prend bien, on doit pouvoir le remplir. D'autres pensent que l'enfant grandit et apprend, cela fait partie de la vie même et qu'il prend appui sur ce qu'on lui propose. Cela implique, de cette conception-là, que l'enfant est parfois prêt ou pas, pour un apprentissage donné ... Cela nécessite aussi aussi de prendre en compte l'enfant dans sa globalité (ses soucis, sa confiance en lui, son intérêt etc ...). On n'a pratiquement pas de formation sur cet axe, savoir ce qu'est un enfant, ce dont il a besoin pour avancer ...
C'est la première conception qui est derrière clairement derrière la dernière réforme ... avec une vision mécaniste de l'enfant.
En général, on demande aux enfants d'être tous au même niveau, à un moment M décidé par l'adulte, sur un exercice E décidé par l'adulte et ce sans prendre en compte là où en sont les enfants (chez les enfants de maternelle, il y a une différence d'âge énorme de plusieurs mois, parfois presque un an, dans une classe .... ce qui implique que les uns et les autres sont très différents au niveau moteur, maîtrise du corps, du langage, maîtrise des pulsions etc ..). Dès le départ de leur vie, on peut proposer des activités aux enfants qui sont déjà légèrement trop haute pour lui ... on imagine les dégâts et le courage qu'il faut pour avancer quand même jusqu'au collège ...
Ensuite, ce qui se passe ... de mon point de vue : il y a peu de temps, peut-être 3 ou 4 ans encore, en moyenne section par exemple, on demandait que l'enfant maîtrise les nombres jusqu'à 5. Aujourd'hui, il faudrait 10 ... C'est un exemple.
Les enfants qui n'arrivent pas vraiment à apprendre à lire sont en général des enfants qui n'ont pas les phrases, le vocabulaire, le langage ... on met en mater, pour préparer au cp 25 gamins de 4 à 5 ans dans une classe avec un adulte et débrouille-toi cocotte. T'es une pro. Occupes-toi de ceux qui sont déjà à l'écart ... dèjà, on sait que le cp sera dur pour lui ou elle. Comment les aider dans ces conditions ... C'est tellement difficile et humble de s'occuper d'un enfant qui ne parle pas, de prendre le temps de jouer avec lui pour qu'il ait envie de parler ...
On monte la barre et de plus en plus d'enfants ne peuvent la saisir.
Les apprentissages purement scolaires (lire écrire compter) sont trop précoces. On veut aller vite (peut-être pour se rassurer). On veut les faire apprendre à lire, à écrire trop vite, dès avant la mater. C'est tellement rassurant pour l'adulte ... Cela fait des années que les dégâts avancent, à la vitesse de cette précipitation.

Voilà !
C'est ça, exactement ça ...
Ajoutons là-dessus quelques problèmes perso, familiales et il y a de quoi ... de quoi péter les plombs !